Droit des assurances, du dommage corporel et de la santé

Indemnisation par l’État des victimes d’infractions

Indemnisation par l’État des victimes d’infractions

Qui peut l’obtenir ?

Toute personne de nationalité française (ou ressortissante d’un pays de l’Union européenne, en séjour régulier), ayant été victime d’une infraction.

Celle-ci peut avoir été commise en France ou à l’étranger, sauf pour les victimes non françaises, pour lesquelles l’infraction doit avoir été commise sur le territoire français.

Les conditions d’indemnisation sont différentes, selon le type d’infractions :

  • Infractions ne présentant pas un net caractère de gravité :
    • vol, escroquerie, abus de confiance : dans ces trois cas, ne peuvent être indemnisées que les personnes dont les ressources sont inférieures au plafond valable pour l’aide juridictionnelle partielle (voir barèmes) ;
    • coups et blessures ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à 1 mois : l’indemnisation sera partielle. En cas de violences intrafamiliales, l’indemnisation par la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (CIVI) est possible à partir d’une incapacité totale de travail d’au moins 8 jours ; elle est alors plafonnée.

  • Infractions graves :
    • coups et blessures ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 1 mois, ou une incapacité permanente, ou la mort (dans ce dernier cas, ce sont les personnes à charge de la victime qui peuvent prétendre à une indemnisation) ;
    • attentats à la pudeur, viol.

    Dans ces cas, l’indemnisation peut être rapide et intégrale, déduction faite des sommes versées par la Sécurité sociale, les mutuelles, etc.
    Les infractions ne doivent pas, par ailleurs, entrer dans le champ d’application du Code des assurances, de la réglementation des accidents de la circulation, et ne doivent pas avoir pour origine un acte de chasse ou de destruction d’animaux nuisibles : pour tous ces cas, il existe en effet déjà une procédure d’indemnisation spécifique.

Certaines victimes, qui, après s’être constituées partie civile, ont obtenu une décision définitive leur accordant des dommages et intérêts, peuvent demander une aide pour obtenir leur paiement.

Quels sont les délais ?

  • La demande doit être faite dans les 3 ans qui suivent la date de l’infraction (prolongation possible si la victime a été dans l’impossibilité de présenter sa requête dans les délais) ou dans l’année qui suit la date de la décision définitive du tribunal si un procès a été engagé. Pour mieux protéger les mineurs, le délai de 3 ans court à compter de la majorité.
  • La demande doit être faite dans l’année qui suit la décision définitive si la victime fait appel au Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI) pour obtenir le paiement des dommages et intérêts non réglés par la personne condamnée dans les 2 mois de la condamnation.

Que faut-il faire ?

  • Adresser une lettre recommandée avec avis de réception à « Monsieur le Secrétaire de la Commission d’Indemnisation des victimes d’infractions » auprès du tribunal judiciaire.
  • Joindre tous les documents concernant l’affaire (démarches, certificats médicaux, etc.) et la copie du dernier avis d’imposition.
    Le dossier peut être constitué par un avocat.
    Il est possible de demander une provision en même temps que la requête initiale.
  • Les victimes qui ne peuvent pas bénéficier d’une indemnisation de la CIVI doivent s’adresser au FGTI pour obtenir le paiement des dommages et intérêts qui leur ont été accordés, lorsque le condamné n’a pas payé dans les 2 mois de sa condamnation.

Où s’adresser ?

À la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions pénales siégeant au tribunal judiciaire du département ou au FGTI.

Quel est le montant de l’indemnité ?

  • Infractions ne présentant pas un net caractère de gravité :
    • vol, escroquerie, abus de confiance : elle ne peut pas excéder le triple du plafond de ressources exigé ;
    • infractions ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à 1 mois : montant variable, il dépend de la nature de l’infraction et de la situation de la victime.

  • Infractions graves :
    L’indemnisation est totale : elle couvre tous les préjudices subis (physiques, moraux, professionnels, etc.).
    Mais la Commission d’indemnisation chargée de fixer le montant de l’indemnité tient compte :
    • des prestations versées par les organismes sociaux ;
    • des remboursements déjà perçus pour des frais médicaux ou de rééducation ;
    • des salaires maintenus le cas échéant par l’employeur ;
    • d’une manière générale, de toutes les indemnités perçues à l’occasion de ce préjudice.

    Par ailleurs, il faut savoir que l’indemnisation peut être réduite, ou même refusée, s’il y a faute de la victime.
  • Victimes faisant appel au FGTI :
    L’indemnisation correspond à l’intégralité du paiement des sommes dues si leur montant est inférieur ou égal à 1 000 €. Au-delà, le Fonds accorde une provision de 30 % comprise entre 1 000 € et 3 000 €.

    L’indemnisation intervient dans les 2 mois de la demande.


BON À SAVOIR

Pour des renseignements plus précis, on peut s’adresser au FGTI, chargé de la gestion des indemnisations.Pour la constitution de son dossier, il est conseillé de s’adresser à l’INAVEM (Institut national d’aide aux victimes).
C. proc. pénale : Art. 706-3 et s ; Loi du 6/7/1990.

BARÈMES

Victimes de vol, escroquerie, abus de confiance :

  • plafond de ressources : 19 066 € par an pour une victime sans personne à charge ;
  • montant maximum de l’indemnité : 4 767 €.

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